LE FORTIN-DU-SAUT, LE CAMP DE LAURE, L'OPPIDUM DES FOURQUES.
Le Néolithique se clôt avec l'apparition des premiers objets en métal qui se substituent peu à peu à la pierre. C'est avec le cuivre, facilement trouvable à l'état natif que l'homme s'initie à la métallurgie. Le Chalcolithique se partage entre la continuation du travail lithique qui reste dominant et l'apparition d'un métal, le cuivre. Mais ces réalisations restent d'une qualité médiocre, le cuivre n'étant pas un métal très dur et solide.
L'innovation technologique majeure est bien sûr l'apparition du bronze qui permet la réalisation de nombreux objets. Cet alliage de 10 % d'étain et 90 % de cuivre rend ce matériau plus résistant. C'est à cette période que se développe le commerce et un réseau d'échanges entre les différents groupes de populations : il faut aller parfois très loin pour chercher la matière première. L'étain, par exemple, ne se localise que dans certains lieux comme l'Espagne, la Bretagne et le Pays de Galles actuel. C'est à cette période aussi que les conflits s'amplifient. En effet, la multiplication des richesses agricoles, mais aussi métallurgiques, entraîne probablement des convoitises. Il est vrai que le bronze permet la fabrication de nombreuses armes : épées, poignards, haches… dans une société qui vénère le guerrier.
Par la suite, le fer remplace le bronze grâce à une maîtrise toujours plus poussée du feu : la fonte du métal nécessite une température de plus de 1500°. Le fer permet la fabrication d'outils plus solides en particulier dans le domaine agricole comme la houe, la pioche et le soc d'araire et permet aussi la fabrication d'armes de plus en plus redoutables. Cette période voit notamment la naissance et l'apogée de la civilisation celte dont le berceau se trouve en Europe centrale. Les Celtes fusionnent peu à peu avec les peuplades indigènes du reste de l'Europe.
Sur le plan social, même si le mode de vie reste avant tout rural avec de petites communautés dont les activités essentielles restent l'agriculture et l'élevage, l'âge des métaux est marqué par une accélération de la hiérarchisation de la société. Les guerres deviennent plus fréquentes.
La fin du Néolithique et le début de l'âge du Cuivre (2500 - 1800 avant J.C.)
Le site du Fortin-du-Saut est découvert par Ch. Cotte en 1906. Les dernières fouilles dirigées par le préhistorien R. Furestier durant l'été 2002 ont permis de démontrer la richesse de ce petit site de hauteur. Véritable donjon naturel, le Fortin-du-Saut est un piton rocheux très escarpé qui se dresse sur le revers nord de la Chaîne de la Nerthe, à l'ouest de Châteauneuf-les-Martigues. C'est une aiguille rocheuse (152 m d'altitude) abrupte sur toutes ses faces dont le sommet très incliné présente une surface d'environ 300 m2. L'occupation du site, intenable par vent du nord, ne peut s'expliquer que par des impératifs défensifs mais il s'agit bien là d'une caractéristique des habitats Campaniformes en géneral. Le Campaniforme se définit par un type de céramique en forme de cloche renversée (du latin campana).
Une vitrine de fac-similé montre bien les formes caractéristiques de cette poterie. Cette céramique que l'on retrouve sur l'ensemble de l'Europe fait que l'on appelle très souvent les campaniformes, les « premiers européens ». Le visiteur peut découvrir le mode de vie de ces hommes de l'âge du Cuivre, sûrement venus de la péninsule Ibérique ou du Portugal, à travers quatre vitrines présentant le matériel issu des fouilles. Le visiteur portera son attention sur la fameuse pointe de flèche dite de « Palmela » (Portugal) en cuivre arsénié dont on a recensé seulement 3 exemplaires dans le sud-est de la France. Cette salle permet aussi d'aborder le travail passionnant de l'archéologue. Un support informatique et de nombreuses photos expliquent l'ensemble des tâches depuis la préparation des fouilles jusqu'au travail en laboratoire.
Le début de l'âge du Bronze : le site du Camp de Laure (1800 - 1500 avant J.C.)
Cette salle présente le site du Camp de Laure situé sur la commune du Rove. Signalé par H. Marin-Tabouret au début du XXème siècle, ce site appartenant au Bronze ancien a été fouillé par J. Courtin de 1974 à 1977. C'est un éperon barré protégé naturellement sur trois côtés par des lignes d'à-pics et défendu au sud par un rempart. Ce rempart étendu sur 145 m, large de 2,20 à 2,40 m devait atteindre une hauteur de 2 m. Il est doublé à l'extérieur d'un second rempart flanqué de tours tous les 25 m. Cette architecture défensive, unique dans le Midi de la France pour cette période, fait du Camp de Laure un site exceptionnel : la première citadelle de Provence.
Les habitants de cette citadelle vivaient principalement de l'élevage. En effet, la faune retrouvée montre essentiellement des restes d'animaux domestiqués, avec en première place, le mouton et la chèvre. La chasse est très peu pratiquée, de même que la pêche malgré la proximité de l'étang de Berre. Les faucilles et l'abondance du matériel de broyage indiquent une économie basée sur l'agriculture. Quant à l'industrie du silex, elle demeure florissante avec des flèches pédonculées, à ailerons, des grattoirs arrondis, etc. La céramique, particulièrement belle, mérite aussi l'attention du visiteur car elle définit ce que les scientifiques appellent la « Céramique de type Laure ».
L'âge du Fer : l'Oppidum pré - romain des Fourques
Cette période qui s'échelonne dans le midi de la France du VI°s. av.J.C. à la conquête romaine est illustrée dans le musée par quelques objets qui montrent les contacts que les autochtones entretenaient avec les Ibères, les Etrusques et les Grecs venus de Phocée, fondateurs de Massalia vers 600 avant JC.
Nous sommes dans la civilisation des oppida, villages dont les emplacements ont été choisis pour leurs défenses naturelles. Ils sont le plus souvent perchés,protégés sur trois de leurs côtés par de hautes falaises. Le seul côté accessible est barré par un rempart.
Châteauneuf-les-Martigues, comme la plupart des communes du pourtour de l'Etang de Berre possède son oppidum, occupé par une population tribale : les Tricores.